Quelques uns des magnifiques tableaux qu’abrite la Basilique témoignent de la vénération de saint François et des frères franciscains et aussi de saint Bernardin et des Observants pour la Vierge Marie, Mère de Dieu.
Dans la première chapelle à gauche se trouve la Madone à l’Enfant entourée d’anges, réalisée vers 1455 par
Sano di Pietro, artiste siennois prolifique qui se caractérise par une maîtrise extraordinaire du dessin et de l’usage de la couleur. L’enfant Jésus, tendrement agrippé au manteau de sa Mère, tient un fruit dans une main, très probablement une pomme, symbole de sa victoire sur le péché originel, obtenue par sa mort et sa résurrection; le vêtement rouge de l’Enfant et le regard triste et absorbé de la Vierge font aussi allusion à la Passion du Christ.
On doit aussi au même artiste le tableau situé au dessus de l’autel de la troisième chapelle à droite, représentant la Madone à l‘Enfant entre saint Bernardin et saint Jérôme, exécutée après la première moitié du XVe siècle. Comme dans l’œuvre précédente, on y retrouve le thème de la Passion, représenté dans ce cas par le chardonneret que tient Jésus dans une main : en effet la légende raconte que l’oiseau s’est piqué pendant qu’il enlevait du front du Christ crucifié les épines de la couronne, se tachant ainsi du sang du Sauveur; depuis lors les plumes de sa tête seraient devenues rouge écarlate. Même l’étoffe raffinée qui recouvre le trône où est assise la Vierge dont le visage émane la même tristesse que dans le tableau précédent, est rouge. A droite de la Madone se trouve saint Bernardin, au visage émacié, tenant dans la main la tablette qu’il avait l’habitude de montrer pendant ses prédications; elle est conservée aujourd’hui dans le Musée. A gauche se dresse saint Jérôme, Docteur de l’Église et premier traducteur de la Bible, modèle de sagesse chrétienne, grand ermite et pénitent; il vit dans le désert pendant de longues années, se vouant à la prière, à l’abstinence et à l’étude. Les écrits de saint Jérôme étaient considérés comme particulièrement conformes à la réforme de l’Osservanza régulière, à tel point que des ermitages et lieux sacrés de l’Ordre lui sont dédiés.
Le troisième tableau de sujet marial, conservé dans la quatrième chapelle à droite, avait été réalisé pour l’église de saint Maurice à Sienne, aujourd’hui disparue. L’œuvre arrive à l’Osservanza en 1822, afin de remplacer les pertes subies par le couvent durant la période napoléonienne. L’extraordinaire triptyque représente la Madone à l’Enfant avec saint Ambroise et saint Jérôme; il est exécuté en 1436 par un artiste au nom mystérieux de ‘Maître de l’Osservanza’. Aujourd’hui plusieurs chercheurs l’ont identifié comme étant
Sano di Pietro dans sa jeunesse. Certains morceaux ont été perdus, mais la prédelle, représentant la Crucifixion et deux épisodes de la vie de saint Ambroise et saint Jérôme, est conservée à la Pinacothèque nationale de Sienne.
A la différence des deux œuvres précédentes, l’Enfant tient une cartouche à la main avec l’inscription Ego Sum, révélant ainsi sa divinité; ainsi Marie devient l’image de l’Église qui montre Jésus aux hommes, aidée de saint Ambroise et saint Jérôme, deux des Pères de l’Église occidentale, personnages qui avec leurs écrits, la prédication et leur vie ont influencé de manière significative la voie de l’Église des premiers siècles. La valeur ecclésiologique du retable est confirmée par la présence dans le gable central, du Christ bénissant et, sur les côtés, des saints Pierre et Paul, princes des Apôtres. Au dessus, dans les deux médaillons, nous distinguons l’ange annonciateur et la Madone annoncée; lorsque le retable était complet, il représentait, par une lecture verticale de haut en bas, le mystère du Christ à travers l’annonciation, l’incarnation et la crucifixion.