La doctrine de Sainte Catherine, qui apprit à lire avec difficulté et à écrire à l’âge adulte, est contenue dans Le Dialogue de la Divine Providence ou Livre de la Divine Doctrine, un chef-d’oeuvre de la littérature spiritelle, dans sa Correspondance et dans le recueil des Prières.
Durant une vision qui toucha de façon très profonde le coeur et l’esprit de Sainte Catherine, la Madonne lui présenta Jésus qui lui offrit un splendide anneau en lui disant: “ Moi, ton Créateur et Sauveur, je t’épouse dans la foi que tu conserveras toujours pure, avant de célébrer avec moi dans les cieux tes noces éternelles. Seule Sainte Catherine pouvait voir l’anneau. Dans cet épisode extraordinaire se trouve le centre vitale de la spiritualité de Sainte Catherine et de toute spiritualité authentique: la centralité du Christ. Le Christ est pour elle l’époux avec lequel elle a un rapport d’intimité, de communion et de fidélité. Il est l’être aimé au delà de tout autre être.
Cette union profonde avec le Seigneur est marquée par un autre épisode de la vie de cette éminente mystique : l’échange des coeurs. Selon Raymond de Capoue qui retranscrit les confidences de Sainte Catherine, le Seigneur Jésus lui apparut avec, dans la main, un coeur rouge resplendissant, il lui ouvra la poitrine, y introduit le coeur et dit “ Ma très chère enfant, l’autre jour j’ai pris le coeur que tu m’offrais, voici maintenant le mien, et dorénavant il prendra la place du tien” (ibid.). Sainte Catherine a vraiment vécu les paroles de St Paul : “…je vis, mais non plus moi, c’est Christ qui vit en moi”. (Gal 2,20)
Une vraie famille spirituelle se forma autour de cette personalité forte et authentique. Il s’agissait de personnes fascinées par l’autorité morale de cette jeune femme d’un niveau de vie spirituelle élevé. Elles étaient impressionnées par les phénomènes mystiques auxquels elles assistaient comme les fréquentes extases. Nombreux furent ceux qui se mirent à son service et surtout qui considéraient un privilège être guidés spirituellement par Sainte Catherine. Ils l’appelaient “maman”, car en tant que fils spirituels elle leur donnait la nourriture de l’esprit.
“Mon fils, je vous le dis et je vous appelle – écrit Sainte Catherine en s’adressant à l’un d’entre eux, le chartreux Giovanni Sabatini -, puisque je vous enfante par des prières continuelles et par ma volonté, en présence de Dieu, tout comme une mère enfante son fils” (Correspondance, Lettre n°141: Au frère Giovanni de’ Sabatini). Elle avait l’habitude de s’adresser en ces termes au frère dominicain Bartolomeo de Dominici : Mon bien-aimé et très cher frère et fils dans le Christ, doux Jésus”.
Un autre trait de la spiritualité de Sainte Catherine est lié au don des larmes. Les larmes expriment une sensibilité exquise et profonde, témoignant l’émotion et la tendresse. Un certain nombre de Saints ont eu le don des larmes, revivant l’émotion de Jésus lui-même qui durant ses derniers jours sur terre, n’a pas retenu ni caché ses pleurs devant le sépulcre de son ami Lazare, la douleur de Marthe et Marie et à la vue de Jérusalem. Selon sainte Catherine, les larmes des saints se mélangent au sang du Christ; elle en a parlé de manière vibrante, en utilisant des images symboliques très efficaces : “Rappelez-vous de Christ crucifié, Dieu et homme (…). Ayez pour objectif Christ crucifié, cachez-vous dans les plaies de Christ crucifié” (Correspondance, Lettre n. 16: A quelqu’un dont on tait le nom).
On peut comprendre pourquoi Sainte Catherine, tout en connaissant les faiblesses humaines des prêtres, leur ait toujours porté un grand respect: ceux-ci dispensent, à travers les Sacrements et la Parole, la force salvatrice du sang du Christ.
La Sainte de Sienne a toujours exhorté les ministres de la foi, même le Pape qu’elle appelait “doux Christ sur terre”, à être fidèles à leurs responsabilités, inlassablement et seulement poussée par son amour profond et constant de l’Eglise. Avant de mourir, elle a dit : “En me servant de mon corps, en vérité, j’ai consumé et donné la vie dans l’Eglise et pour l’Eglise Sainte; ce qui m’est une grâce particulière” (Raymond de Capoue, Ste Catherine de Sienne, Légende Majeure, n. 363).
Donc, grâce à Sainte Catherine, nous faisons une expérience sublime: connaître et aimer Jésus-Christ et son Eglise. Dans le Dialogue de la Divine Providence, à l’aide d’une image particulière, elle décrit le Christ comme un pont lancé entre le ciel et la terre. Ce pont est composé de trois gradins formés par les pieds, les côtes et la bouche de Jésus. En s’élevant grâce à ces trois gradins, l’âme passe à travers les trois étapes de la sanctification: l’éloignement du pêché, la pratique de la virtu et de l’amour, l’union douce et affectueuse avec Dieu.